Altfranzösisch
Dictes moy où, n'en quel pays, |
Neufranzösisch
Dites-moi où, en quel pays, |
Deutsch
Sagt mir, in welchem Land |
Où est la très sage Helloïs, Pour qui fut chastré, puis moyne Pierre Espaillart a Saint Denis? Pour son amour ot cest essoyne. Semblablement ou est la royne Qui commanda que Buridan Fust gecte en ung sac en Saine? Mais ou sont les neiges d'antan? |
Où est la très sage Heloïse, Pour qui fut châtré puis moine Pierre Abailard à Saint Denis? Pour son amour il subit cette peine. Semblablement où est la reine Qui ordonna qui Buridan Fût jeté en sac dans la Seine? Mais où sont les neiges de l'autre année? |
Wo ist die äußerst weise Heloïse, für die entmannt und später Mönch ward Peter Abaelard in Saint Denis? Für seine Liebe litt er solche Pein. Wo ist gleichermaßen die Königin, die befahl, dass Buridan in einem Sack in die Seine geworfen wurde? Und wo ist der Schnee vom letzten Jahr? |
La royne blanche comme lis, Qui chantoit a voix de seraine; Berte au grant pié, Bietris, Alis; Haremburgis qui tint le Maine, Et Jehanne, la bonne Lorraine, Qu'Englois brulerent a Rouan; Ou sont ilz, ou, Vierge souvraine? Mais ou sont les neiges d'antan? |
La reine Blanche comme lis, Qui chantait à voix de sirène; Berther au grand pied, Béatrix, Aélis, Eremberg, qui possédait le Maine, Et Jeanne la bonne Lorraine, Qu'Anglais Brûlèrent à Rouen, Où sont-elles, où, Vierge souveraine? Mais où sont les neiges de l'autre année? |
Die Königin Lilienweiß, die mit Sirenenstimme sang, Berther vom großen Stein, Béatrix, Aélis, Eremberg, die das Maine besaß, und Jeanne, die gute Lothringerin, die die Engländer in Rouen verbrannten, wo sind sie, wo, hehre Jungfrau? Doch wo ist der Schnee vom letzten Jahr? |
Prince, n'enquerrez de semaine Où elles sont, ni de cet an, Qu'à ce refrain ne nous remaine; Mais où sont les neiges d'antan? |
Prince, n'enquerrez de semaine Où elles sont, ni de cet an, Qu'à ce refrain ne nous remaine; Mais où sont les neiges d'antan? |
Prinz, frage nicht in einer Woche, wo sie sind, nicht dieses Jahr! Uns bleibt nur dieser eine Reim: Wo ist der Schnee vom letzten Jahr? |
Berthe au Grand Pied: Dans les chansons de geste et particulièrement dans celle qu'Adenet le Roi a consacrée à ses aventures vers 1275, c'est la femme de Pépin le Bref et la mère de Charlemagne. Trahie par une serve qui pendant de longues années se substitue à elle, mais épargnée par les hommes de main qui avaient ordre de la faire périr, elle est recuillie par un voyer dans la forêt du Mans. Un hasard fait découvrir le crime de la serve qui périt sur le bûcher, tandis que la vraie Berthe est ramenée triomphalement à Paris.
Blanche (la reine): Probablement Blanche de Castille, reine de France « tant belle et sage », comme il est dit dans les Grandes Chroniques. Fille d'Alphonse IX roi de Castille et d'Aliénor d'Angleterre, femme de Louis VIII (1223-1226) et mère de Saint Louis.
Buridan (Jean): Originaire de Béthune, il vivait encore en 1353, âgé de plus de soixante ans. Une légende, évidemment controuvée, dont le mélodrame s'est emparé à l'époque romantique, a voulu faire de ce philosophe un des amants de Marguerite de Bourgogne ou de Jeanne de Navarre. Marguerite, fille de Robert II duc de Bourgogne, était la femme de Louis X le Hutin. Elle fut convaicue d'adultère ainsi que sa belle-soeur Blanche de la Marche avec deux frères, gentilshommes normands. Toutes deux furent enfermées au Château-Gaillard, et Blanche fut étranglée par ordre de don mari. Quant à Jeanne, reine de Navarre, fille de Marguerite et de Louis X, épouse de Philippe d'Évreux, elle était née en 1312: elle avait donc cinq ans quand Buridan était déjà recteur de l'Université de Paris.
Echo: Écho, nymphe qui aima Narcisse. Le voyant insensible à son amour, elle ressentit tant de douleur qu'elle fut changée en rocher, et il ne lui resta que la voix.
Flora: Courtisane qui laissa au peuple romain de grandes richesses, et en l'honneur de qui furent instituées les Floralies. Ce nom a été également porté par une courtisane du temps de Juvenal.
Thaïs: Courtisane grecque qui vivait en Égypte dans la première moitié du IVème siècle. Saint Paphnuce quitta la Thébaïde pour la convertir. Elle brûla alors ses parures et ses bijoux et alla s'enfermer dans un couvent dont on mura la porte, en ne réservant qu'une étroite ouverture pour passer l'eau et le pain, unique nourriture de la recluse.